Biographie du Père Pierre Compès, supérieur à Saint Ilan de 1921 à 1939
Le Père Pierre COMPES,
1869-1944
Le P. Pierre Compès, né le 24 août 1869 à Loctudy, est décédé à
Langonnet le 25 mai 1944, à l'âge de 75 ans. Nous reproduisons pour lui
la notice biographique que lui a consacrée la Semaine religieuse de
St-Brieuc, le 1- septembre 1944.
Le Père Compès. - Bien que finistérien d'origine, le Père Compès était
briochin depuis si longtemps que le diocèse de Saint-Brieuc le pleure
comme l'un de ses prêtres.
Entré, après son service militaire, chez les Pères du Saint-Esprit, le
P. Compès fit ses études ecclésiastiques à Rome, à l'Université
Grégorienne, et y conquit brillamment les grades de docteur en
philosophie et en théologie.
Peu après, en 1897, il devenait répétiteur au Séminaire français de
Rome, fonction qu'il remplit jusqu'à la guerre de 1914, avec un
dévouement inlassable. Il n'était pas l'homme qui étonne et
enthousiasme les élèves par la limpidité et la facilité de ses phrases,
mais sa précision doctrinale, sa technique de la préparation aux
examens, la connaissance qu'il avait de toutes les petites ruses et
finasseries des examinateurs accrédités auprès de l'Université,
donnaient à ses leçons une saveur et une valeur pratique incomparables.
Tout élève sérieux, qui voulait écouter avec attention ses explications
toujours si nettes et si pertinentes, pouvait, sans inquiétude,
affronter le jury universitaire.
En 1914, le P. Compès revint en France pour la mobilisation générale,
et, la guerre terminée, devint le supérieur de l'école des apprentis
ouvriers à St Michel de Langonnet, dans le Morbihan. Il y demeura
quatre ans, puis fut nommé à l'école de St-llan, près de Langueux
(Côtes-du-Nord), où il cumula, avec la charge de supérieur, celle de
professeur de latin.
Ses élèves n'oublieront pas de si tôt ni les doctes enseignements de ce
maître qui n'ignorait rien des secrets de la langue de César et de
Cicéron, ni la délicatesse et la bonté de ce supérieur, si compréhensif
et si bienveillant, qui savait si bien être chef, sans jamais cesser
d'être père. Ses méditations et ses conférences spirituelles aux jeunes
gens des "Vocations tardives" étaient pour eux un régal de premier
choix, où le pittoresque et l'inattendu se mariaient souvent aux
aperçus les plus savants sur la vie surnaturelle. Le saint religieux
revenait à plaisir sur les éléments de notre vie divine : la grâce, les
vertus et les dons de l'Esprit, qui formaient aussi le thème habituel
des retraites qu'il prêcha, avec tant de bonheur, aux communautés
religieuses.
Homme de vie intérieure et religieux modèle, le Père Compes était
également homme de société de très bon aloi, aimant la compagnie des
confrères, et assaisonnant volontiers la conversation d'histoires
authentiques, empruntées, pour la plupart, à sa vie romaine et à ses
relations avec les curés des campagnes de la Sabine et autres lieux.
Quelques-unes plus particulièrement savoureuses, sont restées dans
toutes les mémoires, tant le bon Père, par charité, aimait à les redire
à chaque occasion favorable.
Sans effort il reprenait de même ses études d'antan, et le Supérieur du
Séminaire de St-Brieuc sait avec quel soin minutieux son censeur lisait
les manuscrits du fameux "Manuel de théologie dogmatique en 4 volumes",
avant de lui concéder le "nihil obstat" exige pour obtenir l'imprimatur
de l'Évêque diocésain.
Peu avant la guerre de 1939, ses forces commençant à décliner, le Père
Compès dut résilier ses fonctions de supérieur, sans quitter sa bonne
maison de St-Ilan, où Mgr le Hunes, Supérieur général des, Pères du
Saint-Esprit, en reconnaissance des services rendus à la Congrégation,
lui proposa de vivre ses dernières années.
Pourtant, quelques mois avant sa mort, afin de lui ménager une retraite
plus paisible, St-Ilan étant toujours occupé par les troupes
allemandes, on lui offrit une chambre à l'Abbaye de Langonnet. C'est là
que le bon Père s'est éteint, au cours de l'hiver, sans secousse et,
pour ainsi dire, sans maladie, entrant dans la maison du Père de
famille, comme le voyageur, qui, ayant achevé sa course, rentre chez
lui, pour y goûter le repos qu'il a si bien mérité. Beati qui in Domino
moriuntur.
Chanoine Hervé de St Brieuc
Source : http://spiritains.forums.free.fr/defunts/compesp.htm